Le Président du directoire du Futuroscope, Dominique Hummel, s’est dit «satisfait de la décision du Conseil général» et a tenu à «rendre hommage aux équipes qui travaillent depuis de longs mois sur le dossier». «Il va effectivement y avoir un changement de gouvernance, mais dans la continuité de ce que nous avons entrepris ici depuis plusieurs années. Nous conserverons, je pense, une réactivité par rapport aux événements du terrain. En plus, nous avons obtenu l’assurance que le Futuroscope constituera un pôle indépendant dans le groupe.»

Arnault Varanne le 18/10/10

Les élus du Département ont entériné, ce matin, à l’issue d’une séance animée, le principe de la cession des parts (40%) du Futuroscope à la Compagnie des Alpes. Une expertise financière sur la valeur du parc est toutefois en cours.


Le moment aurait dû être empreint d’une certaine «solennité», selon le vœu exprimé par Claude Bertaud, président du «CG ». La séance a tourné à la foire d’empoigne. Au bout de deux longues heures de palabres et de négociations, sur fond de pré-campagne électorale, les conseillers généraux du «groupe des élus de gauche» ont joint leur vote à ceux de l’exécutif. Cocasse et inattendu.

Évoquant «une parodie de vote», Francis Girault et ses collègues du groupe Initiatives et Progrès se sont abstenus, tout comme Jean-Pierre Jarry d’ailleurs. «Le prix de cession ne nous paraît pas convenable», ont dit en substance les trois premiers. Quant au quatrième cité, il a motivé sa décision par un «manque de garanties pour les personnels». «À l’époque Amaury, les conditions pour les salariés étaient détestables», se souvient le conseiller général. «Nous avons obtenu beaucoup de garanties, notamment par rapport au fait que le parc sera ouvert au minimum 270 jours par an», a rétorqué Claude Bertaud.

Intérêts croisés

Lequel a, finalement, obtenu «la très large majorité» qu’il souhaitait sur le dossier. L’ancien prof de maths a réussi ce numéro d’équilibriste en promettant à l’opposition que les investissements réalisés chaque année dans le Futuroscope -et que le Département ne financera plus à partir de 2012- seraient réaffectés aux collèges. «Nous demandions à ce que six millions d’euros soient crédités pendant cinq ans», a précisé Gérard Barc. Si cela n’avait pas été le cas, nous aurions voté contre la cession.»

Cette «promesse budgétaire» s’est traduite de facto par le vote d’un amendement complémentaire à l’ordre du jour. Mais, aux dires de la majorité, les élus de gauche n’auraient fait que devancer de quelques jours son propre projet. «Avec Henri Colin (vice-président à l'Education), nous planchons sur un projet d’investissement un peu supérieur aux 30 millions d’euros évoqués… », a avancé le patron du «CG».

En attendant, une expertise financière confiée au «Groupe Y» a été diligentée pour savoir si la valorisation du Futuroscope (Ndlr : 70 millions d’euros) correspond à la «réalité du marché». Le cabinet d’expertise-comptable poitevin rendra ses conclusions le 30 octobre. La constitution de la nouvelle SA -et de la SEM patrimoniale- interviendra, elle, au plus tard début décembre.

Arnault Varanne le 18/10/2010

Après le vote du conseil général de la Vienne le 18 octobre dernier autorisant la cession de l'exploitation du Futuroscope à la Compagnie des Alpes (CDA), les deux partenaires se sont retrouvés hier à l'hôtel du département pour signer le protocole d'accord portant sur 34 millions d'euros, avec la bénédiction de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), l'accord proprement dit sera officialisé le 10 décembre prochain. Le président du Département Claude Bertaud est revenu sur les discussions entamées depuis un an environ avec la CDA et qui ont porté notamment sur l'aspect social.

« Pour nous, il était important de conforter le travail de nos collaborateurs du Futuroscope » a-t-il souligné en rappelant que l'accord porte sur 270 jours d'ouverture du Parc par an, « ce qui correspondait à la demande d'ailleurs de l'intersyndicale ». Les discussions ont également porté sur les investissements réalisés tous les deux ans par le conseil général, avec une attraction nouvelle, le nouveau gestionnaire s'engageant à les maintenir à hauteur de 10 millions d'euros.

Sans aucun impérialisme

Elles ont concerné enfin la gouvernance puisqu'ayant cédé 40% de ses parts, le Département devenu minoritaire, sera représenté au sein de la nouvelle société d'exploitation par quatre élus. Parallèlement, une nouvelle société d'économie mixte patrimoniale -qui pourrait être baptisée Vienne Investissements- va être créée avec le Département et la CDC, Grand Poitiers et la Communauté d'agglomération du pays châtelleraudais pouvant les rejoindre.

« C'est une journée exceptionnelle » a confié Claude Bertaud en mettant l'accent sur le partenariat public-privé et la mise en commun de l'expérience et du savoir-faire, après le malheureux épisode de la privatisation des années 2000. Le Parc aborde une quatrième vie. « Nous venons ici clairement en partenaire, de manière modeste, dans un esprit pragmatique et sans aucun impérialisme, a déclaré pour sa part Dominique Marcel, le PDG de la Compagnie des Alpes. Pour notre groupe, c'est un enrichissement, le Futuroscope est un actif, un site spécifique, qui a une identité très forte, unique, avec un potentiel de développement ».
Autant de propos prêts à rassurer sur les intentions de cet opérateur qui est le plus gros exploitant de remontées mécaniques, qui gère 21 parcs de loisirs en Europe (comme Astérix, Walliby, mais aussi Grévin), et qui entend renforcer sa présence dans les grands parcs et dans les grandes marques. « C'est notre intérêt à tous de nous appuyer sur les équipes du Futuroscope » a-t-il conclu.

Philippe BRUYERE